En médecine et plus largement en santé, la transition vers des processus et des systèmes numériques est souvent envisagée comme une stratégie pour réduire l’empreinte carbone. Mais quel en est réellement l’impact en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?L
L’adoption de systèmes numériques dans le domaine médical se traduit notamment par la mise en œuvre de dossiers médicaux électroniques, le recours à la télémédecine et une gestion responsable du stockage de données. Elle est destinée à se substituer à l’usage de documents papier, une pratique particulièrement énergivore.
Impact environnemental des documents papier
Historiquement, le secteur de la santé est un grand consommateur de papier, utilisé pour les dossiers médicaux, les prescriptions d’examens ou de médicaments, ou encore les communications internes.
L’industrie papetière est une source importante d’émission de CO2, principal gaz à effet de serre jugé responsable du réchauffement climatique. La production d’une feuille A4 imprimée génère par exemple 10,2 grammes d’équivalent CO2 alors qu’une page lue sur mobile n’en demande que 0,7 grammes, soit 15 fois moins. La transformation vers le numérique garantit donc une réduction significative de l’empreinte carbone, en limitant la consommation de ressources forestières et en réduisant le volume de déchets.
Conséquences écologiques des déplacements liés aux soins
Les déplacements des patients et des professionnels de la santé sont également des postes à forte contribution en termes d’émission de CO2. Une étude de 2019 du NHS (United Kingdom National Health Service) indique que les déplacements liés aux soins de santé représentent environ 3,5% des trajets routiers au Royaume-Uni, générant 14 millions de tonnes équivalent CO2 chaque année (voir cartouche info). La télémédecine, avec la mise en place de consultations à distance, peut drastiquement réduire ce chiffre en évitant des déplacements non nécessaires dans le parcours de soins. Cela doit toujours se faire dans l’intérêt du patient, pas seulement de la planète.
Emissions dues au stockage de données numériques
La dématérialisation repose sur le stockage et le traitement de données numériques, des activités à impact environnemental non nul. Les data centers consomment en effet une quantité considérable d’électricité et génèrent de la chaleur, nécessitant des systèmes de refroidissement gourmands en énergie. D’après les résultats d’une étude menée par la mission d’information du Sénat, les data centers représentaient, en 2019, 14% de l’empreinte carbone du numérique en France, avec l’émission de 2,1 millions tCO2éq. L’Union européenne souhaite que les data centers soient neutres en carbone d’ici 2030. Un véritable challenge au regard de l’accroissement considérable des usages du numérique. Cependant, les progrès effectués dans les technologies de refroidissement et l’utilisation croissante des énergies renouvelables devraient permettre de réduire l’impact environnemental de ces infrastructures.
Une transition qui doit être soigneusement préparée
Ainsi, dématérialiser pour décarboner le secteur de la santé est un objectif atteignable mais complexe, nécessitant une approche réfléchie et séquentielle, en considérant l’ensemble des pratiques et leur impact environnemental respectif. La transition vers le digital offre de réelles opportunités de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à condition d’intégrer des pratiques de développement durable dans la gestion des technologies de l’information. La dématérialisation est un outil puissant qui, utilisé correctement, peut amener à rendre le secteur de la santé plus vert.


